Le pèlerinage jubilaire LGBTQ+: mais où est l’Afrique ?
Rome, 5-6 septembre. Plus de mille catholiques LGBTQ+, accompagnés de leurs familles et ami·e·s, se sont rassemblés dans la Ville éternelle pour un pèlerinage jubilaire inédit dans l’histoire de l’Église. Deux jours d’émotions intenses, de prière et de témoignages, portés par l’espérance d’une Église plus inclusive. Vendredi soir, la veillée d’ouverture a donné la parole aux personnes LGBTQ+, à leurs parents et aux acteurs pastoraux. Les récits bouleversants ont plongé l’assemblée dans un moment de profonde communion. Mais une question s’est imposée à moi : où sont les voix africaines ?
L’absence remarquée de l’Afrique
Parmi les participants, rares étaient les catholiques africain(e)s — et ceux présents vivaient en dehors du continent. Après la célébration eucharistique présidée par Le vice-président de la Conférence épiscopale italienne, Mgr. Francesco Savino, Le président de l’Association La Tenda di Gionata qui a organisé le pèlerinage, Innocenzo Pontillo a fait savoir que certains fidèles africains avaient été empêchés de venir, faute de visa. Pourtant, les messages venus d’Afrique ne manquaient pas. « Je serai avec vous de cœur. N’oublie pas de confier l’Afrique au Cœur divin, aimant et sanctifiant », écrivait Pierre (nom d’emprunt), depuis l’Afrique de l’Est. Un autre témoignage confiait : « J’aurais voulu être là, mais j’ai d’autres obligations. Je suis heureux que tu y participes pour nous. » Rayan (nom d’emprunt) depuis l’Afrique de l’ Ouest.
Une espérance vivante malgré les frontières ces fidèles exprimaient une même attente : que le jubilé soit un temps de mémoire et de renouveau. Le message d’espérance a été repris dans l’homélie par Mgr Savino : « Frères et sœurs, je le dis avec émotion : il est temps de restaurer la dignité de toute personne, surtout de celles à qui elle a été niée. » Des paroles fortes qui résonnent comme une promesse dans certains contextes. Mais pour beaucoup de catholiques africain(e)s LGBTQ+, confrontés aux lois criminalisantes, à l’hostilité sociale et au silence de leurs Églises locales, cette promesse peut sembler lointaine, presque utopique.
Aux périphéries des périphéries
Le jésuite James Martin, reconnu pour son engagement pastoral auprès des personnes LGBTQ+, a rappelé lors de son témoignage que Jésus plaçait toujours au centre ceux que la société rejetait, ceux qui se trouvent aux périphéries. « Quand je vois la foi de mes frères et sœurs LGBTQ+, je n’ai jamais vu une foi pareille », a-t-il confié avec émotion. Il a aussi pointé la douleur des personnes LGBTQ+ catholiques dans l’église. D’une façon particulière, à cet instant j’ai pensé aux croyants LGBTQ+ qui, en Afrique, continuent à servir leurs communautés sans soutien, sans éspaces de parole et sans accompagnateurs ou accompagnatrices formés pour les accompagner. Ils se trouvent aux périphéries des périphéries.
« L’Afrique est ici »
Juste avant de franchir la porte sainte, un geste fort du jubilé, je parler avec une personne queer Algérienne vivant en France et avec élégance m’a soufflé ces mots : « L’Afrique est ici, car nous sommes là. » Cette phrase m’a bouleversé. Car finalement, ce n’est pas le nombre qui compte, mais l’authenticité de la présence et la force de la mémoire portée dans les cœurs.” J’espère que l’Afrique s’ouvrira pour les pèlerinages et les conférences sur la vie des personnes LGBTQ+: les enfants de l’église.” a déclaré Fr. Gustave Noël Ineza, un prêtre Rwandais qui ne cesse de toujours soutenir Gay Christian Africa et accompagner les personnes LGBTQ+.